Il s’agit de produits dérivés dont le sous-jacent est un taux d’intérêt dans une devise donnée.
Ces produits sont des contrats ou des instruments financiers en vertu
desquels deux parties s’engagent sur un taux d’intérêt prédéterminé à
payer, à recevoir ou encore à échanger (interest rate swaps) à une date
ultérieure sur un montant donné (montant notionnel).
L’échange peut concerner un taux contre un taux variable ou un taux variable contre un autre taux variable.
Source : Banque de France.
Une hausse soudaine et rapide des taux d’intérêt – causée par une vente
massive de dette américaine par la Chine ou par tout autre facteur –
causerait un crash obligataire et rendra l’endettement américain plus
difficile et plus coûteux.
Cependant, les conséquences seraient encore plus déstabilisantes pour le marché des produits dérivés de taux d’intérêt, impactant non seulement les banques, notamment américaines, mais aussi les entreprises et les collectivités locales.
Les produits dérivés sont la plupart du temps échangés de gré à gré sur des marchés non réglementés (marché « OTC » en anglais ou Over-the-counter). Les dérivés de taux d’intérêt constituent 77% de l’ensemble des dérivés OTC (voir Figure 1).
Figure 1 : Montants notionnels des produits dérivés de gré à gré à fin 2012
Source : Banque des règlements internationaux (BRI), 2013.
Les montants notionnels des dérivés de taux d’intérêt (i.e. ceux sur
lesquels s’appliquent les taux d’intérêt à payer, à recevoir ou à
échanger) se montent à 490 mille milliards de dollars. À titre de
comparaison, cela représente environ sept fois le PIB mondial en 2012
(voir Figure 2).
Figure 2 : Dérivés de taux d’intérêt et PIB mondial en 2012
Sources : BRI, 2013 ; CIA “The World Factbook”, 2013.
Étant donné qu’il s’agit de produits de gré à gré, il est impossible de
quantifier exactement l’impact d’une hausse rapide des taux d’intérêt.
Cependant, étant donné les montants en jeu, cela risque de causer des
pertes considérables à un ou plusieurs acteurs sur ce marché des
dérivés, les poussant à la faillite et provoquant un effet domino.
À titre d’exemple, les dérivés sur crédit, représentants des montants nettement moins importants, ont rendu inévitable le sauvetage d’AIG et causé la faillite de Lehman Brothers.
Quatre banque américaines – JPMorgan, Citibank, Bank of America et
Goldman Sachs – concentrent à elles seules des encours pour plus de 170'000 milliards de dollars de dérivés de taux d’intérêt, soit environ 35%
du marché OTC mondial, 2,4 fois le PIB mondial et 11 fois le PIB des États-Unis.
Une telle situation explique pourquoi la menace d’une vente massive de
dette américaine est source de craintes aux États-Unis (voir l'article wiki-finance sur la dette américaine détenue par la Chine). La hausse des
taux qui s’ensuivrait risquerait de mettre ces grandes banques en faillite,
emportant au passage le système bancaire et financier américain.
Des produits dérivés – portant sur des montants dépassant plusieurs fois le PIB mondial – seront dévalorisés, avec une hausse extrêmement élevée du risque de contrepartie des instruments financiers en général (dans de telles situations, il y a une fuite vers les « valeurs réelles », tel par exemple l’achat d’actifs tangibles, d’immobilier ou d’or physique).
Cliquez ici pour revenir à l'accueil
Une idée de sujet ou un commentaire ?
N'hésitez pas à nous le communiquer via notre formulaire de contact